Focus
Focus

L’université, grande cause nationale

100 numéros déjà, le temps passe à 100 à l’heure ! J’avais une ambition, celle de relire quelques numéros de L’Actu depuis sa création pour révéler toute la richesse de ce vecteur d’information essentiel à nous tous. Quels que soient nos métiers, nos compétences, notre discipline, nos responsabilités, nous sommes les faiseurs de l’université, cette ambition universelle pour la transmission et le développement des connaissances. Et L’Actu reflète le travail de tous et de chacun. Je sais, parce que vous le dites, parce que je le lis aussi au travers de L’Actu, qu’il est passionnant mais parfois difficile.
Mais l’actualité m’a rattrapé… Une actualité brûlante, puisqu’il s’agit de la place que la Nation souhaite accorder à son université. Cette actualité concerne chacun d’entre vous, parce qu’elle touche à nos cœurs de métiers, à nos missions et à nos ambitions.
Vous le savez, il était question d’une suppression de 136 millions dans le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche. La presse annonce un sursaut des plus hautes autorités de l’État, espérons que cela soit rapidement et fermement confirmé. Je l’ai dit et ne cesserai de le redire. La question posée par cette crise budgétaire dépasse le simple « coup de rabot » qui a tout déclenché : c’est celle tout autant des moyens nécessaires, que celle de la confiance. La Nation va-t-elle confirmer cet investissement d’avenir que nous représentons et nous donner les moyens à la hauteur des objectifs qu’elle nous fixe ? Alors que l’Allemagne va investir 25 % de plus d’ici 2017, nous opterions pour un choix inverse ! L’université est une grande cause nationale, pour tout le pays.
Mardi 16 décembre, le conseil d’administration va se réunir pour voter son budget 2015. Comme vous le savez, ce budget est contraint et le contexte est incertain. Nous essayons de continuer à travailler dans les meilleures conditions, mais nous savons que les investissements ne sont pas à la hauteur. Pour autant, le président que je suis ne peut inventer l’argent dont il ne dispose pas. Nous devons donc faire des choix contraints. C’est aussi cela être responsable. Agir pour convaincre et gérer pour avancer. Ces choix sont simples : maintenir nos cœurs de métiers formation et recherche et continuer à être attractif. Équation difficile, mais nous refusons de baisser les bras. Nous voulons continuer à opérer des choix, pas à se les voir imposer.

Alain Beretz
Président de l'Université de Strasbourg 

Focus

L'appel de Strasbourg pour une politique et un budget d'avenir

Les directeurs de composantes et les directeurs de laboratoires, réunis mercredi 10 décembre en assemblée, ont adopté une motion et lancent un appel à celles et ceux qui gouvernent la France et la représentent au Parlement pour une politique et un budget d'avenir. Le lendemain, une manifestation a réuni près de 300 membres de la communauté universitaire en cortège de l'université au rectorat.

Dans cette motion, l’assemblée des directeurs de structures de formation et de recherche de l’Université de Strasbourg demande le rétablissement immédiat des dotations initialement prévues pour le budget 2015. Elle appelle instamment les autorités de l’État à donner les moyens aux universités et organismes de recherche pour tenir leur rang et relever les défis de l’avenir. « Au-delà des mesures de sauvegarde du budget 2015, nous demandons instamment que la politique de l’enseignement supérieur et de la recherche soit déclarée grande cause nationale avec un financement garanti sur le long terme. » 

Focus

« Cartographier les risques permet de les anticiper pour mieux les maîtriser »

La cartographie des risques à l’Université de Strasbourg vient d’être mise à jour après un long travail mené conjointement par le Service d’aide au pilotage et le Service d’audit interne. Cinq risques prioritaires sont identifiés et donneront lieu à une analyse et à un plan d’actions spécifique. Regards croisés de Michel Deneken, premier vice-président, et d’Anne-Fabienne Malet, coordinatrice qualité et contrôle interne. 

Pourquoi établir une cartographie des risques ?
Michel Deneken (MD) : Une institution de la taille de la nôtre est soumise à de nombreux aléas. Nous avons besoin de prendre conscience des risques qui peuvent nous empêcher de remplir nos missions d’enseignement et de recherche. Évaluer leur importance permet aussi d’anticiper leur survenue et de mieux maîtriser le risque. Le fait de les « cartographier » nous est aussi utile pour établir une hiérarchie et donc des priorités, également pour les investissements à moyen ou long terme pour intervenir sur les facteurs de risques. D’autant que la notion de risque n’est pas dénuée d’une dimension subjective, donc pas forcément évaluée de la même manière par tous : si vous parlez à un non-spécialiste d’un bâtiment qui n’est pas aux normes et qui reçoit du public, il se peut qu’il juge la situation très dangereuse. Alors que le spécialiste sait très bien que les normes sont tellement nombreuses que même un bâtiment neuf n’est pas aux normes et que ça n’a rien à voir avec sa dangerosité.

Très concrètement, comment fait-on pour établir cette cartographie ?
Anne-Fabienne Malet (AFM) : En 2010, le Service d’aide au pilotage, le Service d’audit interne et le Service prospective et développement ont établi une première cartographie en partant de rien. Nous avons interrogé l’équipe de direction, des directeurs et chefs de service, en leur demandant d’exprimer leurs objectifs et les risques qui pouvaient les empêcher de les atteindre. Nous avons obtenu une liste de près de 600 risques, que nous avons étudiés un par un, et regroupés dans des risques agrégés. Au final, nous avons établi une liste de 47 risques. Début 2014, nous avons lancé sa mise à jour.
Pour y parvenir, le Service d’aide au pilotage et le Service d’audit interne ont rencontré des membres de la gouvernance (vice-présidents), la direction générale des services, des directeurs de service, d’unités de recherche, des responsables administratifs et des directeurs de collegium, soit en entretiens individuels, soit en binômes, soit en entretiens collectifs. Au total, 69 personnes ont été interrogées : quels risques majeurs perçoivent-elles ? Quels niveaux d’impacts ces risques pourraient-ils avoir ? A quelle fréquence ? Quel est le niveau de maîtrise de ces risques ? A partir de là, nous avons pu établir une cartographie qui identifie les risques et les hiérarchise.

Qu’est-ce qui ressort de cette cartographie ? Et qu’allons-nous faire de ce qui a été découvert ?
AFM : Au final, le comité des risques* qui s’est réuni pour la première fois le 9 octobre a retenu cinq risques prioritaires : défaut de financement, défaut de maîtrise des coûts, inadaptation des outils du système d’information et du numérique, risque d’indisponibilité du système d’information et du numérique, défaut de déclinaison interne de la stratégie. Nous devons rester discrets sur certains aspects de ces risques car bien sûr, cela pourrait les rendre d’autant plus grands, et augmenter notre vulnérabilité.
MD : Nous n’avons pas été surpris par les risques majeurs. L’évolution du contexte financier national et européen par exemple fait progresser logiquement la perception du risque de ne plus arriver à financer nos activités de recherche ou de formation, ou de perdre des projets. Nous avons également constaté  que la perception peut être différente entre le niveau central et les composantes.
AFM : L’étape suivante consiste à analyser finement chacun de ces cinq risques pour comprendre leurs mécanismes et mettre en place un plan d’actions pour améliorer leur niveau de maîtrise. Chaque risque a un propriétaire (un pilote, en fait, généralement, le vice-président concerné) qui va le surveiller, au travers d’indicateurs et va veiller à l’application du plan d’actions. Par exemple, s’il y a une augmentation subite du nombre de pannes informatiques, il faudra sans doute prendre rapidement des décisions pour agir sur la cause de ces pannes.
Le comité des risques se réunira à nouveau en avril et pourra donner un avis sur les cinq plans d’actions établis. Si la mise en œuvre du plan demande des ressources supplémentaires, ce point sera discuté au moment du dialogue de gestion.
MD : Je pense aussi que la démarche a un autre avantage : elle fait progresser une culture de la responsabilité dans l’établissement. Quand on se lance dans un projet, c’est bien d’y intégrer le facteur risque en amont plutôt qu’éteindre un incendie qu’on n’avait pas prévu…

Propos recueillis par Caroline Laplane

* Le comité des risques est composé de 25 personnes dont deux extérieures à l’université. Il est entre autres chargé de veiller à l’actualisation de la cartographie des risques, d’identifier les risques prioritaires et d’émettre un avis sur les plans d’action proposés.

Focus

Une carte de vœux pour un campus européen

À l’heure où Strasbourg revêt son habit de lumière, une carte de vœux commune aux cinq universités du réseau EUCOR, l'université du Rhin supérieur1 vous est proposée pour satisfaire à la tradition des vœux de bonne année.

À travers cet exercice inédit, les cinq établissements ont souhaité, tous ensemble, apporter une première pierre à l'édifice et rendre concret le concept de campus européen. Le campus européen vise à permettre le recrutement commun d’enseignants, à réaliser des projets communs de recherche et des formations à double diplôme. Il s’agit avant tout d’un projet de développement stratégique au sein de la confédération des universités du Rhin supérieur pour la faire évoluer vers un espace de recherche et de développement scientifique à rayonnement international.
Cette carte rassemble les universités autour d’une devise commune qui nous fédère tous : « La pensée n'a pas de limite2 ». Elle est mise à la disposition de l'ensemble des membres de la communauté universitaire, à partir d'aujourd'hui. Près de 5 450 cartes de vœux ont été envoyées l'année dernière. En saisissant son login et son mot de passe, tout étudiant ou personnel de l'Unistra accède à une interface qui lui permettra, en quelques clics, de personnaliser cette carte avec un message de son cru. Nous vous invitons tous à la diffuser sans modération afin de franchir cette nouvelle frontière et de montrer que c'est bien ici, à l'université, que se créé l'Europe de demain !

La cérémonie des vœux de l'université se déroulera mardi 6 janvier à 16 heures dans l'aula Marc-Bloch du Palais universitaire et sera couplée avec la remise des prix du concours photo organisé dans le cadre des 130 ans du Palais U.

  • En cas de problème technique, vous pouvez vous adresser par courriel au Service de la communication.

Universität Freiburg, Universität Basel, Université de Strasbourg, Karlsuhe Institute of Technology, Université de Haute-Alsace.
2 Denken kennt keine Grenzen, Thinking knows no bounds

Focus

Pinar Selek : l’université réaffirme son soutien

Lors du dernier procès de Pinar Selek, le 5 décembre dernier à Istanbul, le procureur a de nouveau demandé la condamnation à perpétuité de la sociologue turque. L’Université de Strasbourg entend donc poursuivre la mobilisation. 

La défense de Pinar Selek a dénoncé l'absurdité du réquisitoire du procureur qui ne s'appuie sur aucun élément concret du dossier et ne tient pas compte des acquittements précédents. Ne pouvant plaider dans le vide et dans un temps contraint, les avocats ont demandé à exercer leur droit à la défense sur la base de l'ensemble du dossier. Le juge a pris acte de cette demande : un nouveau procès doit démarrer le 19 décembre 2014. Une délégation universitaire et le comité de soutien à Pinar Selek devraient être présents au procès ce jour-là. « Il faut rester vigilant, ne surtout pas baisser la garde et augmenter la pression sur le pouvoir turc », confie Jean-Pierre Djukic, directeur de recherche CNRS et membre du comité de soutien universitaire.

« Un combat pour la liberté académique »

Il ajoute : « L’Unistra est nécessairement à l’avant-garde de ce combat pour la justice, pour la liberté de recherche et d’opinion ; il ne s’agit pas uniquement de défendre une personne mais bien l’idée qu’elle incarne, celle du développement, dans une société, d’une recherche libre ! » Mathieu Schneider, en charge de la vice-présidence Sciences en société de l’université, insiste aussi sur la responsabilité sociétale de l’université : « Ce combat pour la liberté académique – celle du chercheur de choisir son sujet, de protéger ses données et ses sources, etc. – ne doit pas être vain, c’est le combat de toute l’université. Le cas de Pinar Selek est emblématique des valeurs auxquelles nous sommes attachés, nous ne voulons pas laisser passer cela. »
Le 19 décembre prochain, Pinar Selek pourrait être acquittée mais le parquet pourrait aussi faire appel de cette décision. Mathieu Schneider et Jean-Pierre Djukic restent donc vigilants mais continuent de croire au possible acquittement de Pinar, même après seize années d’acharnement judiciaire.

F.A.